dimanche 2 octobre 2016

Y-a t-il une stratégie culturelle dans la Tunisie postrévolutionnaire ?





Depuis plus de cinq maintenant, une redéfinition de la politique culturelle tunisienne semble s’imposer sur le mode de l’évidence, aux côtés de celles de l’éducation, du social ou de l’économie. Elle ne constitue pourtant pas le simple  reflet des phénomènes objectifs dont les pouvoirs publics se saisissent. À l’instar des politiques de la ville, de l’environnement et de la sécurité du système d'information, elle est liée à une stratégie de travail qui dépasse de loin le secteur étatique, responsable de classement et de mise en forme des pratiques d’interventions qui viennent agréer et donner sens à un ensemble nécessairement hétéroclite d’actes, de discours, de dépenses et de pratiques administratives.  
La politique culturelle ne saurait dès lors être considérée comme une catégorie transhistorique. Certes, l’intervention du gouvernement pour la conservation du patrimoine matériel et immatériel ou pour les arts et leur traitement par l’administration publique est au centre du travail du ministère des Affaires culturelles depuis sa création en 1970. Mais cette ancienneté n’équivaut pas l’existence séculaire d’une politique culturelle. En effet, la genèse de cette politique ne se résume pas aux origines des différentes formes de soutien du ministère aux artistes : elle consiste aussi en une intégration et un agencement spécifiques de ces multiples interventions dans un ensemble qui ne se limite pas à la somme des parties qui le composent. Or, cette intervention et cet agencement ne sont pensables et possibles qu’à la faveur de conditions particulières qu’il faudra éclairer par un travail stratégique sur la longue durée. Mais l’introuvable définition d’un plan de développement culturel pose toujours problème. Si, dans les années d’installation de la deuxième république, des relations de proximité et des jeux de consécration croisée étaient observable entre universitaires, artistes, hommes de lettres d’une part et hommes politiques d’autres part, une séparation plus nette s’instaure peu à peu et s’affirme singulièrement après les élections législatives d’octobre 2014. Au stade actuel, faire de la culture une catégorie de l’action politique en Tunisie n’a pas toujours été possible. Certes, les politiciens font fausse route en prétendant se mettre à la tête des mouvements artistique seulement pendant les compagnes électorales mais la faiblesse apparemment paradoxale de la représentation de la culture dans le discours politique tunisien peut traduire la liste des priorités dans le reste ce premier quinquennat postrévolutionnaire.