dimanche 30 mars 2014

Plaidoyer pour une démocratie directe




Au terme des trois années précédentes, conviendrait-il de conclure que le « Printemps Arabe » se résumerait désormais au model tunisien ? Beaucoup ont remarqué le grand changement épistémologique au niveau du quotidien politique en Tunisie postrévolutionnaire. Depuis 2011, la notion de la démocratie n'a pas seulement une portée politique dans le vécu tunisien ; elle a aussi une portée sociale. En favorisant les rapports de réciprocité, en permettant la recréation d'un lien social, elle peut aider à reconstituer des solidarités organiques aujourd’hui affaiblies, à recréer un tissu social désagrégé par la montée de l'individualisme et la fuite en avant dans le système de la concurrence et de l'intérêt. En tant qu’elle est productrice de socialité élémentaire, la démocratie participative va alors de pair avec la modernité, la recréation de l’idée de la nation, du patriotisme et du développement. Cette nouvelle conception de la démocratie s'oppose de plein fouet à la légitimation libérale de l'apathie politique, qui encourage indirectement l'abstention et aboutit au règne des gestionnaires, des experts et des techniciens. La démocratie, en fin de compte, repose moins sur la forme de gouvernement proprement dite que sur la participation du peuple à la vie publique, en sorte que le maximum de démocratie se confond avec le maximum de participation. Participer, c'est prendre part, c'est s'éprouver soi-même comme partie d'un ensemble ou d'un tout, et assumer le rôle actif qui résulte de cette appartenance. La participation, disait René Capitant, est l'acte individuel du citoyen agissant comme membre de la collectivité populaire. On voit par là combien les notions d'appartenance, de citoyenneté et de démocratie sont liées.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire