vendredi 22 février 2013

Sois glorieuse ma mère patrie





Patrie, ma chère patrie, belle patrie, ma mère patrie !
Des héros marchent à travers le pays,
Ah ! Ce sont les héros de la révolution tunisienne

Les jeunes se préparent,
Aujourd’hui, les jeunes s’expriment,
Leurs voix sont élevées contre la tyrannie 
Ah ! Leurs voix s’élèvent contre la dictature

Jeunes Tunisiens, regardez,
Regardez notre route !
La route de la gloire
Ah ! La grandiose  route !

Cependant, nous voyons,
Nous voyons un nuage noir,
L'hostilité de l'ennemi nous vient du désert,
Allez, préparez-vous enfant de la patrie, 
Préparez-vous pour le saint jour

Sois glorieuse, sois glorieuse, terre natale !
Tu as traversé les siècles et les orages
Et au-dessus de toi, le soleil brille
Et ta destinée est radieuse
Sois glorieuse, Ma mère patrie !

vendredi 15 février 2013

La sémantique de l'action démocratique dans la Tunisie postrévolutionnaire




La démocratie est aujourd’hui un idéal largement partagé dans la Tunisie postrévolutionnaire, mais sa mise en œuvre est l’objet de critiques incessantes et même d’une crise de confiance à l’égard des institutions et à l’égard de la caste politique. Sa forme classique, la démocratie élective-représentative, s’est imposée comme régime avec la chute de la dictature, alors qu’elle était fragilisée par un déficit culturel et méthodologique.
L’ouverture offerte par la Révolution Tunisienne a amené à des interrogations sur la définition du sens profond de la démocratie. La constitution française de 1958 (article 2) présente le fait démocratique comme un « gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple »  formule qui s’inspire de la célèbre formule du président américain Abraham Lincoln  qui définit la démocratie comme étant « The government of the people for the people » mais c’est rester dans le flou. En effet, des régimes opposés peuvent s’en réclamer, dans lesquels s’articulent, de manière différente, pouvoir collectif et libertés personnelles. On croit même nécessaire d’accoler un adjectif à démocratie (libérale, radicale, réelle, socialiste, populaire, etc.) Une analyse de la démocratie relève donc d’une approche plurielle car elle est :
1) Un régime et une forme de gouvernement,
2) Une activité civique permanente (pas seulement au moment des élections)
3) Une forme de société qui, selon les cas, peut insister soit sur la garantie des droits fondamentaux, soit sur l’égalité des conditions.
La crise de confiance dans la Tunisie postrévolutionnaire peut être analysée comme le résultat de l’individualisme, du repli sur la sphère privée, de la coupure du peuple et des élites accusées d’impuissance, voire de renoncement pour plusieurs raisons :
A) La « volonté générale » (nationale) est plus en plus limitée par d’autres pouvoirs nationaux ou internationaux de régulation économique et sociale (les « contraintes extérieures » sur lesquelles se défaussent tant de discours politiques) ; des facteurs souvent extérieurs à la politique interviennent comme la méfiance envers la science et la technique, envers les prévisions économiques, voire, de manière générale, envers autrui. Le désenchantement vient de la perte de confiance dans la volonté en politique, particulièrement où le rôle de l’État a toujours été très important. Or, la volonté en politique est caractéristique de la démocratie elle-même, alors que la pensée réactionnaire s’oppose à l’exaltation de la volonté, et que la pensée libérale s’en méfie.
B) La complexification actuelle de la société (loin des simplifications de l’analyse en termes de classes) rend moins évidente la volonté générale.
C) Certaines sciences sociales, comme la sociologie, dévoilent des mécanismes qui échappent à la volonté. Mais faut-il aller jusqu’à accepter les thèmes du « déclin du politique », de la « privatisation du monde », de l’« avènement d’une société d’individus » ? Non, car se multiplient dans le corps social des formes politiques non conventionnelles de participation et de concertation (associations, mouvements, groupes divers) qui produisent des prises de parole, des jugements, des formes de concertation, des interventions, etc. Ces formes comportent les avantages de la liberté, de la particularité, de la spontanéité, de l’expérimentation, mais aussi les dangers de la fragmentation et de l’inefficacité.

vendredi 8 février 2013

Unissons-nous contre la violence


                           À la mémoire de Chokri Belaïd


                                                  
La violence est un phénomène parmi les plus dangereux qui commence à envahir la scène publique tunisienne postrévolutionnaire. Dans cette nouvelle atmosphère sociopolitique, on commence à parler des transformations qui marquent le comportement quotidien vers un glissement à la violence verbale, morale et physique.   Mais en même temps, ce qui frappe les esprits, c’est le fait que ces changements ont lieu d’une manière très rapide et dans une société qui se veut plus pacifique, dans une société qui se veut pluraliste et démocratique, ce qui nous obligent à poser au moins trois questions capitales :
  * A-t-on affaire à une nouvelle pratique socio-culturelle qui commence à s’installer ?  
    * A-t-on enjeu à  un nouvel défi social ?
   * Quelle image de la révolution tunisienne la violence que l’on dit « nouvelle » donne-elle ?
En effet, les ferments de la cruauté humaine se situent vraisemblablement dans la nature. Elle découle sans doute de certains comportements préhistoriques et a-historque. Dans les deux cas, l’organisation psychique semble la même : un instinct agressif doublé d’une absence de rationalité et une surcharge narcissique. 
Dans la philosophie moderne de la violence, depuis Thomas Hobbes à Max Weber, l’État est la seule institution qui se rend maîtresse du monopole de la violence pour protéger les individus des agressions réciproques et interminables.  Suivant cette optique tous recours à la violence par les individus, pour servir leurs intérêts ou leurs passions, devins hors la loi ; c'est-à-dire illégitime.  Ce qui nous amène à dire, que suivant cette optique, la violence politique est le terrain d’une condamnation systématique dans la société. À première vue il semblerait aujourd’hui que les condamnations morales de ce type de pratique soient devenues quasi unanimes dans notre contexte historique actuel mais il conviendrait pourtant de ne pas oublier un proche passé marqué par les agressions contre les opposons politique et contre les mausolées des saints. Le risque d’un virage vers une situation d’anarchie violente et incontrôlée est présent et menaçant. Néanmoins, il faut noter à ce titre, que le recourt à la violence traduit une grande faiblesse éthique qui ne peut pas éliminer le règne du rationalisme constructif.
Les sociétés démocratiques tendent de plus en plus à considérer la violence comme un échec politique et sociale. Maintenant, la société tunisienne doit considérer ce type de conduite comme inutile, dangereux et condamnable.  Il y là assurément un véritable danger, le danger d’un double cynisme : celui des usagers de la violence quand ils ne distinguent plus entre criminalité et sécurité publique et entre anarchie et ordre social.  Les enjeux sont grands mais l’intellengicia tunisienne est capable de dépasser cette crise pour instaurer un nouveau contrat social basé sur le pluralisme, la démocratie et l’État de droit.