dimanche 27 janvier 2013

La Révolution Tunisienne porteuse d'espérances




Événement historique,  décisif dans notre existence, acte fondateur marquant le début de la citoyenneté ; la Révolution Tunisienne n’est pas uniquement un mouvement de protestation bien encrée dans le temps et dans l’espace. Elle est plus de ça car elle est l’initiatrice d’une nouvelle ère, celui du refus de l’indifférence, de la corruption et de la manipulation. La mobilisation tunisienne a libéré les forces vives de la société pour dire « dégage » au régime autoritaire et oligarchique qui a dominé la Tunisie depuis une vingtaine d’années. On a alors assisté à un changement radical dans les mécanismes politico-étatique pour s’ouvrir sur la culture du pluralisme et de liberté, et pour dépasser soudainement les frontières de la peur pour plier le despote. Le mouvement révolutionnaire tunisien, brusque et non violent, a montré que tout est possible et que l’histoire est en marche pour la Tunisie comme pour tout le monde arabe.  En effet, ce qui étonne au premier regard jeté sur l’itinéraire révolutionnaire tunisien, c’est que dans ce grand mouvement des forces vives de la société, on ne distingue pas une figure qui domine seule toute la scène. Le peuple-roi n’a pas connu son Cromwell au contraire le peuple-roi parlait avec éloquence pour dire « non » à la dictature et à la « mentalité féodale » et pour dire « oui » à la liberté. En effet, toute réflexion sur le processus révolutionnaire en Tunisie doit commencer d’abord par comprendre les contestations, commencées dès les événements du Bassin minier en 2008, contre l’autorité en place. Ces mouvements de protestations ont façonné l’attitude publique tunisienne et ont inauguré le passage de l’existence virtuelle à l’existence socialisée des jeunes tunisiens ce qui constitue une illustration symptomatique de la soif de la liberté.  Ainsi se forment la pratique sociale de la politique. Cette perception se traduit par les nouveaux espoirs, les nouvelles attentes, mais aussi par les craintes et parfois par les déceptions.  En effet, le travail pour la définition d’un avenir commun est le sens profond du mouvement révolutionnaire en Tunisie. Les aspirations à un avenir meilleur n’échappent pas à trouver la solution adéquate pour forger un « modus vivendi » entre les tunisiens. Néanmoins, les termes habituellement employés par les politiciens sont chargés d’un contenu affectif qui traduit le parti pris militant de leurs utilisations d’une terminologie de paix sociale.  À ce niveau, il n’est pas inutile de renouveler le vocabulaire politique relatif à la question de la société tunisienne postrévolutionnaire.  L’emprunt ou l’innovation dans ce domaine suppose en effet la modification de certains pratiques sociopolitiques, sinon l’altération du modèle originel qui a servi de référence à la mise au point d’une nouvelle structure basée sur le fond philosophique de la  révolution, c'est-à-dire sur les principes de l’égalité, de dignité et de la justice. C’est ce lien de parenté avec cet idéale qui nous permet de repérer les indices de déformations et de prendre les mesures des convergences autant que celles de divergences qui devaient coïncider avec les intérêts suprêmes de la nation.  Pour ce faire, il serait bon que les Tunisien redécouvrent et réconcilient avec la modernité loin des effusions passionnées et craintives car la Révolution tunisienne a vu naître des mouvements de résistance politico-intellectuelle revendiquant la citoyenneté constructive, l’autonomie de l’individu et sa raison d’être. La liberté, l’égalité et l’État de droit étaient à la fois les objectifs, les fins d’une opération et les moyens pour lancer un nouvel espoir d’émancipation au nom du progrès et du bonheur pour tous. 

lundi 14 janvier 2013

La Révolution tunisienne et la volonté de se libérer




À l'heure actuelle il est très facile de sentir l’importance du moment vécu après la grande métamorphose révolutionnaire qui semble être l'un des plus grands événements de l'histoire arabe. Une véritable révolution populaire, spontanée et apparemment sans chef, mais soutenue et remarquablement déterminé, a renversé un régime, qui de toute évidence, été l’un des plus terrible des dictatures dans toute la région. Les implications plus larges au-delà de la Tunisie sont très claires : Des millions de femmes et d’hommes en Tunisie, en Egypte, en Libye et  au Yémen… (etc.) ont dépassé leur peur pour construire une nouvelle ère, celui du réveil arabe. L’Afrique du Nord et le Moyen-Orient ne seront plus jamais tout à fait les même après la Révolution tunisienne. À ce niveau, la date du 14 Janvier 2011 constitue un tournant historique et  tout comme dans le cas de la révolution portugaise de plus de trois décennies, ce qui se passe actuellement en Tunisie est regardée par tout dans le monde arabe comme une source d'inspiration absolument nécessaire pour s’ouvrir sur la démocratie et le pluralisme. Maintenant, la révolution tunisienne semble être le berceau du « printemps arabe » qui a ouvert des nouvelles horizons devant les habitants de la région, qui depuis le soulèvement populaire qui a renversé le dictateur soudanais Jafar Numeiry en 1985, a vécu dans l’immobilisme jusqu’au la date du chute de Ben Ali. En effet, la Révolution Tunisienne semble plus prometteuse que celle du Soudan en 1985, où l'armée a confisqué le moment révolutionnaire. Dans le cas de la Tunisie, l'armée est restée à l'écart, et la transition est donc parfaitement constitutionnelle surtout après les élections de l’Assemblée Nationale Constituante le 23 Octobre 2011. La Révolution Tunisienne était spécifique dans la mesure où la Tunisie semble être loin pour  être un candidat à ce type de changement  en raison du caractère centralisé de l’État et en raison de l’appareil policier dont dispose le pouvoir.  Depuis 1957, la date de la proclamation de la République, jusqu’en 2011, le pays n'avait connu que deux présidents. L'idée de «président à vie», qui est maintenant plus ou moins la règle dans les pièces républicaines du monde arabe, a été la règle qui dirige la vie politique surtout après le referendum constitutionnel de 2002 qui a permit de modifier de nombreux articles de la constitution avec la suppression du nombre limité de mandats présidentiels, ce qui permet au président de se représenter autant de fois qu’il le souhaite pour autant qu’il ait moins de 75 ans, ce qui constitue un enterrement de l’idée républicaine et  un renforcement  du totalitarisme dans la gestion des affaire publique. Et même parmi les gouvernements arabes qui sont distingués dans les arts de l'autoritarisme, le régime qui venait d'être renversé se détachait par son agressivité et son système féodal. Durant 23 ans, l’ancien régime tunisien ne permettait pas aucune opposition d'aucune sorte, pas une critique du président, interdisant une bonne partie de la presse étrangère et arabe, et contrôlait l'Internet car il jugeait dangereux l’accès  libre à l’information, même à distance y compris Facebook et les médias sociaux similaires. En 2009, « The Committee to Protect Journalists » (CPJ) classe la Tunisie parmi les pays les plus dangereux au monde pour partir à bloguer. Dans le même temps l'OpenNet Initiative, qui retrace le nombre des sites bloqués et les catégories, a constaté que l'ancien régime tunisien est le régime arabe le plus hostile à la liberté sur Internet. Pendant ce temps, l'appareil de sécurité avait la main libre pour faire des arrestations partout dans le pays et pour torturer les opposants, y compris dans les lieux de culte, ce qui rend le climat sociale surchargé de tension. Mais, en dépit de ce contrôle total de la vie dans l’Agora, les tunisiens ont pu trouver les moyens pour diffuser des images et des témoignages qui se sont avérés essentiels pour le succès final contre la dictature. Les téléphones mobiles sont devenu un moyen important pour prendre des images de confrontation et de les envoyer à travers le pays, ce qui semble préparer le terrain au grand mécontentement qui a précédé la révolution. Néanmoins, ce qui est important ici, c'est le facteur de créativité.  Les événements en Tunisie suggèrent que quand il y a une raison suffisante pour l’éclatement sociale, la société invente des nouvelles méthodes pour gérer son quotidien.  Ce fut le cas en Tunisie en 2011, tout comme il était en Allemagne en 1989.
En Tunisie, les partis politiques ont été clairement pris au dépourvu par les événements, et ils ont resté incapables de diriger la révolution qui a maintenu un caractère de spontanéité très marquant. La révolution tunisienne semble avoir été né pour faire renaître l’esprit de la citoyenneté et du patriotisme et non pas simplement sur des revendications économiques. À première vue, la révolution a commencé dans les régions marginales et négligées du pays, et que le déclencheur semble avoir à faire avec des revendications économiques. Pourtant, si la révolution devait être expliquée par l'économie seule, il serait difficile d'expliquer les slogans qui appellent à la dignité, à l’égalité et à la suprématie de la loi.  En effet, les conditions économiques étaient le facteur dominant ou bien « le déterminant en dernière instance ». Le taux de chômage, qui a officiellement resté élevé à 14%, et beaucoup plus élevés chez les jeunes. Mais ces taux ne sont pas rares dans la région, et plusieurs pays arabes ont des taux beaucoup plus élevés officiellement de chômage.  Le taux de pauvreté est avéré élevé car il dépasse 15%.  Il semblerait donc que l'économie seule ne peut pas expliquer les raisons profondes du mouvement révolutionnaire. L'équation tunisienne, par conséquent, a diffusés un potentiels de dignité, de liberté ce qui interdisait toute marche arrière et ce qui aide  psychologiquement  les tunisiens pour s’intégrer dans la vie politique afin de participer à la reconstruction du pays. La culture politique ainsi subi une transformation qui reflète le caractère révolutionnaire du moment et les espoirs de la masse populaire. La Révolution en Tunisie a été une réponse à un l’idée de l’immobilisme devant la dictature et elle pu démontrer que les tunisiens sont avant-gardiste dans tout le monde arabe. Maintenant reste à savoir comment construire notre futur, notre prochain système politique et notre modèle de société. 





samedi 5 janvier 2013

La Révolution comme enquête de vérité




 Il est de plus en plus courant, dans les pays du printemps arabe qui viennent de sortir de la dictature ou de l’autoritarisme, de créer des commissions de vérité appelée à siéger pendant la période transitionnelle. Ces commissions qui sont des organismes d’enquête officiellement approuvés et à caractère temporaire, se voient attribuer un laps de temps relativement court pour recueillir des dépositions, mener des enquêtes, faire des recherches et revisiter l’histoire avant de terminer la tâche par la publication d’un rapport final qui offre une certaine possibilité d’explication du passé basé sur l’investigation des documents et des témoignages.  En effet, les commissions de vérité se préoccupent de milliers de victimes et s’efforce de déterminer l’importance et les caractéristiques des violences commises sous la dictature, ainsi que les causes et les conséquences. L’objectif essentiel de ce type de commission est de savoir pourquoi et comment s’est produit certains événements qui peuvent s’avérer tout aussi important que la description précise de la matérialité des faits. C’est pourquoi le travail des commissions de vérité est historique, au sens philosophique du terme, puisqu’il aide la société à comprendre et à reconnaître un passé contesté et à porter à la connaissance de la société civile les témoignages et les récits des victimes souvent restés à l’insu de la dynamique sociale quotidienne.  Ce type de commissions de « vérité » constitue un élément de base dans la gestion globale de la justice transitionnelle surtout si on arrive à établir une volonté d’indépendance opérationnelle qui se traduira au niveau de la coopération des pouvoirs publics pour permettre à la commission d’accéder aux documents officiels. En plus, le pouvoir exécutif devrait fournir à ce type de commission les archives qui se rapportent à ses enquêtes, notamment les documents liés aux actes de tortures et d’atteinte aux droits de l’homme. Le soutien dont bénéficie le travail de ces commissions doit être assorti d’une indépendance opérationnelle car la confiance publique à ce type de mission dépend de l’aptitude de cette dernière à mener à bien sa tâche en dehors de toute ingérence politique et hors des influences idéologiques qui peuvent manipuler les données des enquêtes vers une telle ou telle interprétation.  Ces remarques doivent s’attacher à deux objectifs d’égale importance : développer la compréhension des mécanismes qui ont permis à la dictature de survivre on fournissant les documents nécessaires et essayer de reconstruire un nouveau modèle de société basé sur le respect des droits de l’homme et sur le pluralisme.

mercredi 2 janvier 2013

Le dialogue comme stratégie de développement




La Tunisie postrévolutionnaire est un pays qui, tout en affirmant à l’envi l’importance du dialogue social pour le développement de l’économie et la qualité des relations sociales, confère à la pratique de ce dialogue une place très inférieure à ce qu’elle est dans la plupart des pays de la rive nord de la méditerranée. Cette situation tient à des raisons historiques et à des spécificités culturelles qui ont façonné le modèle des relations sociales durant des années. En effet, dans une économie et une société profondément marquées par les contraintes de la mondialisation technologique, économique et financière, il est souhaitable de développer une pratique des relations professionnelles où la négociation tienne une place plus active dans la production de la norme sociale, ce qui n’empêcherait pas l’Etat de continuer à jouer pleinement le rôle qui est le sien pour définir les principes, arbitrer les conflits et veiller à l’effectivité de l’ordre public. Encore faut-il que les acteurs socio-économiques bénéficient d’une légitimité incontestée, qui conditionne elle-même la légitimité des accords auxquels conduirait leur négociation commune. La faiblesse de la culture du dialogue, fait souvent obstacle à l’efficacité de la négociation : ce phénomène explique notamment la propension des conflits sociaux à chercher leur solution dans la rue. Le dialogue social a tout à gagner à la participation d’organisations reconnues, dont la représentativité soit validée de façon incontestée. Légitimité des acteurs sociaux et légitimité des accords sont indissolublement liés. La nouvelle gouvernance basée sur « l’open gov » constitue une approche comparatiste logique et nécessaire dans ce nouveau contexte. Il va de soi toutefois qu’on ne saurait faire abstraction des spécificités culturelles, sociales et économique qui caractérisent les situations propres à chacun de nos régions. Sans pouvoir être transposées de façon mécanique d’une région à l’autre, les formules qui ont plutôt réussi dans tel ou tel pays européen peuvent servir, sinon de termes de référence, au moins de base de réflexion pour reconstruire une nouvelle méthode de gouvernance basée sur la transparence et sur la participation des citoyens dans la gestion des affaires publiques.