lundi 23 mai 2011

Entre rupture et continuité




 C’est un lieu commun de faire de la rupture avec l’ordre établi une condition sine qua non de la réalisation  de la révolution. Mais, la notion de rupture est moins évidente à saisir qu’il n’y parait. Elle n’est jamais définie définitivement, car c’est dans le feu de l’action qu’on fixe son plafond et toujours d’une manière provisoire en rapport avec le contexte. Il n’est pas exclu d’ailleurs qu’elle débouche sur la notion antinomique de la continuité.

En Tunisie, en l’espace de quelques semaines, la rupture a changé plusieurs fois le contenu. Le manque des libertés collectives et individuelles a révélé la nécessité de rompre avec un politique fasciste et totalitaire. Les réactions maladroite du pouvoir et de toute façon tardives du pouvoir de Ben Ali et son clan, son discours de 13/01/ 2011 est plutôt un plaidoyer qu’une solution aux problèmes accumulés durant 23 ans de vole et de dictature. Au lendemain de la fuite historique du « chef suprême de l’État », puis de son clan et du Parti qui lui est associé (RCD) la Tunisie rompe totalement avec une ère et commence une nouvelle. Ainsi on commence à parlé de la IIème république, de la nouvelle constitution et du nouveau régime politique est-ce il présidentiel ou parlementaire ? La recherche du « temps perdu » ou le retour à une période considérée idyllique fournit une autre dimension à la rupture, celle de la continuité. Ce résultat paradoxal est, en fait, le résultat du passage de l’enthousiasme à la peur : Peur de perdre des acquis, mais aussi de provoquer un désordre sociale, défavorable à la notion de l’État moderne.
Maintenant, il faut dire que rupture en temps révolutionnaire rime aussi avec surenchère, du moins pour une catégorie de personne, celle qui, par opportunisme, n’a pas d’autre moins de se saisir de la rupture comme d’une arme de la dernière chance. La notion de rupture elle même se présente alors de plus en plus filigrane, servant de prétexte à certaines idéologies ou de stratégies de gestion de risques. En revanche, l’approche de cette notion est inhérente à l’étude des acteurs et des intermédiaires. Elle requiert de la part du chercheur une analyse à la fois du discours et de la pratique des uns et des autres pour distinguer la rupture qui a favorisé une dynamique d’innovation de celle qui a suscité plutôt le besoin de continuité sous une autre forme d’une situation révolutionnaire.    

     

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